jeudi 21 octobre 2010

Musau : La Coop paye l'addition

La Coop de la rue de Soultz ferme le 27 novembre.
(Crédit Photo CUEJ/ H. Ferrard)
Au 28 de la rue de Soultz, une enseigne rompt la perspective interminable des immeubles "après-guerre" : lettres blanches sur fond vert, c'est celle, bien connue, de “la Coop”. Il y a plus de quarante ans que la superette a ouvert ses portes. Le 27 novembre prochain, rideau.

Dans le magasin, aucun signe de fermeture. C'est en garnissant ses rayons de frais que le gérant assure : “La décision est irrévocable.” Christophe Villiet est arrivé il y a un an pour remettre le magasin à flot. Peine perdue. “La Coop est désuette aujourd’hui,"déplore-t-il, "la Musau est un quartier en déclin, et beaucoup de clients potentiels achètent en Allemagne." La superette n'est plus rentable, plus assez en tout cas pour être rénovée.


Quelques mètres plus loin, pourtant, un chantier a démarré en grande pompe. Le Bruckhof , un ensemble de 400 logements qui comprendra également des magasins, devrait émerger d'ici 2011. Le maire Roland Ries a lui-même posé la première pierre. "La stratégie de la Coop c'est de voir comment ça marche, pour revenir éventuellement", explique Christophe Villiet.

En tout, ce sont 10 magasins de la firme "Coop-Alsace" qui vont disparaître dans la région. Les fermetures ont commencé le 18 novembre avec les enseignes de Soultz et Gambsheim. Fin décembre, 8 autres franchises auront connu le même sort, celle de la rue de Soultz comprise.
Marie-Thérèse Hennrich habite le quartier depuis 25 ans.
(Crédit photo CUEJ/ H.Ferrard)
Ici les clients sont plus que des habitués : des voisins. Ils habitent en majorité dans les immeubles attenants. “Quand ce sera fermé je ne sais pas comment je vais faire”, soupire une dame, panier au bras . Marie-Thérèse Hennrich, 75 ans, habite de l’autre côté de la rue. Elle paye ses achats sans se presser, pour échanger quelques mots en alsacien avec la caissière. Derrière elle dans la file, cheveux bruns, la cinquantaine, Patrick Droesch s'empresse de renchérir: “C’est vraiment pratique de venir ici. Avec cette fermeture, on a l'impression qu'on nous pique quelque chose." Avant d'ajouter : "Et puis ce n'est pas tout. Il y aussi le tabac qui a fermé sans explication lundi." Le gérant est-il malade? "Personne n'en sait rien", poursuit-il -  les commerçants alentours n'en savent pas davantage.

Certes, il y encore deux franchises Coop à Neudorf, et des magasins rue d’Orbey. Mais les habitués des achats tardifs et les personnes âgées qui se déplacent difficilement avec beaucoup de paquets, vivent mal la disparition du magasin. Dans le micro-quartier qui environne la superette certains voient disparaître, avec elle, une certaine convivialité.

Au pied des immeubles pourtant d’autres établissements de proximité subsistent. Une boulangerie, un coiffeur et "El Wali", une épicerie halal ouverte 7J/7. "Pour l'instant, les gens viennent plutôt pour des achats ponctuels", explique Makbule Özdemir. Il y a un an, elle et son mari ont décidé de vendre aussi de l'alcool. Une stratégie payante. "Avant, les gens qui venaient étaient en majorité musulmans, ils venaient pour la viande. Aujourd'hui, la clientèle s'est diversifiée, et elle a augmenté." Si la Coop n'est pas reprise par un magasin proposant aussi du halal, "El Wali" pense s'agrandir et devenir plus qu'une épicerie de secours.

HF et PC

Les protestataires s'organisent

De nombreux élus, dont Philippe Bies, adjoint au maire chargé du quartier Neudorf, ont réagi à la fermeture des magasins Coop. Jean-Philippe Maurer, député et conseiller général pour les quartiers Neudorf-Meinau, s'est lui fendu d'une lettre. Des manifestations devraient être organisées en novembre devant chaque établissement. Pour suivre l'actualité des collectifs de protestation une page Facebook a été créée.

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