mercredi 27 octobre 2010

Les paniers pleins de la rue d'Orbey


Sur son agenda, Jeanne note les rendez-vous des prestataires pour la semaine suivante. (Photo / G.B.)
Depuis quatre ans, catholiques et protestants du Neudorf font une distribution alimentaire rue d'Orbey. La Plateforme, c'est son nom,  reçoit environ 80 foyers dans le besoin. Mais la crise est passée par là et le nombre des bénéficiaires ne cesse pas de croître.

Le rideau de fer se lève. La vitrine dévoile les étals encore pleins de la Plateforme du 7, rue d'Orbey. Un ancien bureau de tabac, un petit local reconverti en distribution alimentaire. « Pas une épicerie sociale », vous diront les bénévoles. Ici, un euro symbolique suffit pour un panier plein.

La charité plus que la solidarité. La Plateforme a été créée en 2006 par la paroisse protestante et la paroisse catholique du Neudorf, comme l'explique le pasteur Philippe Eber :



De son petit bureau derrière la porte d'entrée, Jeanne, 79 ans, accueille ces femmes et ces hommes venus le panier vide. Elle est là depuis le début : « Avant, j'étais à Saint-Vincent-de-Paul et à Saint-Urbain, la paroisse catholique. Alors quand la Plateforme a été créée, naturellement, je suis venue pour aider. On se sent utile ».

Ensemble, on boit le thé à la menthe
Une boite de couscous, six briques de lait, quelques bonbons pour les enfants. Pour un euro symbolique, les bénévoles remplissent les sacs de supermarché, les uns après les autres. Ici, pas question de religion : « On est pas là pour ça », déclare Jeanne. Elle montre une femme musulmane du doigt : « Ensemble, on boit le thé à la menthe». Elle lui rend une théière laissée le vendredi d'avant. « Donner c'est recevoir. Et je reçois beaucoup en retour. »

A chacun, Jeanne donne un nouveau rendez-vous. Elle noircit son carnet de ces noms qui défilent. Deux heures à peine après l'ouverture, les rendez-vous de la semaine prochaine sont déjà complets. « La crise ». Début 2008, le centre est passé d'un coup de 60 à 80 bénéficiaires. Avec gêne, Jeanne admet : « La Plateforme ne peut plus servir tout le monde. Parfois même, on a plus rien. Alors on ferme boutique. » Aujourd'hui, il n'y déjà plus ni sucre, ni shampoing.

Chaque mois voit son lot de nouveaux arrivants, envoyés pour l'essentiel par l'assistance sociale. Auxquels s'ajoutent les réguliers, ceux qui sont là depuis le début. Comme Marcel, père de jumeaux.  Il touche 400€ par mois de la Cotorep, il ne peut pas travailler. «Je viens à la Plateforme toutes les semaines. Ici, les bénévoles sont sympas, elles ont le sourire. Ca fait du bien. »

Marcel fait partie de ces familles en difficulté. Pour Philippe Eber, la plateforme touche quatre catégories de personnes :



Avec son cabas, Marcel attend devant la Plateforme, en avance sur son rendez-vous. (Photo / G.B.)

Pour les sans-papiers, la plateforme se fait le relais d'autres associations. A l'instar de Ruben et son père, venus d'Arménie il y a deux ans en France, et aidés par ASF. La mère de ce garçon de 10 ans travaille, son père apprend le français afin de donner des cours de musique. Mais comme Ruben l'explique, cela ne suffit pas pour vivre :

Aznen et son fils Ruben ont rapidement été redirigés vers la Plateforme à leur arrivée à Strasbourg. (Photo / G.B.)



















Entre les bénévoles et les bénéficiaires, de vrais liens se sont créés. Les bénéficiaires se passent des informations, s'entraident. Un vrai lieu de vie.


Info pratique : La plateforme est ouverte tous les vendredis de 14h à 17h et les samedis de 9h à 12h. Sur rendez-vous.

G.B.

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