samedi 30 octobre 2010

Port-du-Rhin : l'immeuble rhabillé pour l'hiver... d'une bâche

L'hiver risque d'être particulièrement rude et long pour les habitants du 10 rue Coulaux. Depuis la démolition de l'hôtel Ibis, les occupants de l'immeuble attenant ne sont séparés de l'extérieur que par une fine cloison de 6 cm et... une bâche posée la semaine dernière. 

(Photo CUEJ / Noémie Rousseau)

Branle-bas de combat au 10 rue Coulaux, des trous apparaissent à tous les étages. L'habitante au 6e est tombée sur les deux coupables.



« Je détiens le record de l'immeuble, j'ai trois trous dans mon mur ». Badia Raihani, propriétaire de son appartement, rit jaune.
Les Alpinistes du bâtiment, entreprise spécialisée dans les travaux en hauteur, interviennent sur le pignon de l'immeuble mis à nu par la disparition de l'hôtel. Les deux cordistes n'ont jamais réalisé de tels « travaux d'isolation » : la pose d'un patchwork de bâches. Une « mesure d'urgence » commandée par le syndic de la copropriété. Objectif : éviter qu'à la première pluie battante l'on patauge dans les salons. Les conduites d'eau et de chauffage, apparentes sur la façade, ont été protégées par de la laine de verre. Elles menaçaient d'exploser sous l'effet du gel.

L'hôtel tombé, les habitants sont, depuis, séparés de l'extérieur par une fine cloison de seulement six petits centimètres, la largeur d'une brique. Alors inévitablement, le foret de 25 cm des ouvriers à l'assaut de la paroi pour clouer les bâches est en train de transformer l'immeuble en véritable gruyère.




(Photo CUEJ / Noémie Rousseau)
Le 20 octobre, le syndic de la copropriété a assigné en référé Sogesthimmo, le propriétaire de l'hôtel Ibis. Des experts nommés par le tribunal de grande instance de Strasbourg inspecteront les lieux d'ici une semaine. Ils devront déterminer si le mur est ou non mitoyen, et, surtout, qui devra payer la facture de réfection de la façade. Pour l'heure, l'hôtel et le syndic de copropriété campent sur leurs positions, se renvoyant la balle.

Le rapport d'expertise devrait être connu avant l'arrivée des températures négatives. « Ensuite, soit une solution a l'amiable est trouvée, soit nous nous engageons dans une bataille judiciaire longue et fastidieuse », explique le syndic dont l'optimisme faiblit. « De toute façon, avec le froid on ne peut pas faire de béton et d'enduit ». Les travaux pourraient être gelés pour six mois, les habitants semblent avoir déjà perdu leur course contre l'hiver. Ils se préparent à avoir froid, très froid avec leur nouvelle bâche et leurs nouveaux trous dans le mur. Mais pour Badia Raihani, les courants d'air, c'est pas nouveau :



Badia Raihani a acheté son immeuble en 2003. (Photo CUEJ / Noémie Rousseau)



Entre sentiment d'injustice et fatalisme le représentant du syndic considère que « la copropriété a subi un dommage collatéral des émeutes lors du sommet de l'OTAN ». Un sentiment partagé par les habitants. Badia Raihani, comme d'autres dans l'immeuble, est écoeurée.



Ils sont tous partis. Laissant les habitants braver l'hiver avec... un cache-misère.

Noémie Rousseau
Pauline Croquet

1 commentaire:

  1. Merci pour l'article, et je tiens a vous informer que depuis votre dernier passage les choes ont empiré, le cache misère (bache)s'est envolé et je détiens un nouveau reccord, pas 3 mais 4 trous,je suis passé du rire jaune au vert!

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